C’était l’après midi de mon onzième anniversaires. Ma soeur était morte en couches, le bébé avec elle. Ma Mère, déjà veuf, restait inconsolable, aussi quittai-je la maison de bonne heure pour la laisser à son chagrin. J’étais triste également, mais comme c’est souvent le cas avec les enfants, je préférais m’apitoyer sur mon sort. Je me rappel disant que ma sœur avait gâchée mon anniversaire. Rien qu’à l’évoquer aujourd’hui j’en frémis encore de honte. Je prenais la direction du lac de l'Anodin à quelque kilomètres de la maison, je me sentais vraiment bizarre, je jouais encore avec elle la veille, elle avait l'air tellement heureuse de vivre. Je ne comprendrais jamais pourquoi l'on ma volé les personnes que je chérissais le plus au monde, la famille n'est-elle pas le symbole du bonheur ? Pour moi c'était tout l'inverse, je ne fais que pleurer rien que de penser à ma jeunesse. Devoir vivre dans l'envie de les retrouver, dans l'incapacité d'aimer et de chérir à travers la peur de perdre à nouveau tout mes proches. Je me souvins encore de la phrase que ma soeur m'avais énoncée lorsque j'avais repensé à notre père.
" Tu ne dois pas te résoudre à laisser des obstacles t'arrêter dans tes sentiments, ils sont posés pour pouvoir les franchir et devenir plus fort. Tu es encore jeune, mais je pense que tu comprendras un jour le fait, que la vie se fini un jour ou l'autre quelque en soit le prix à payer. "
Je sais tout ça mais aujourd'hui encore je n'ai pas réussi à les franchir, tant de haine, tant de douleurs et tant d'effroyable et exécrable souvenirs. Je ne puis me permettre à me résigner sur ce fait, c'est peut-être facile de s'apitoyer sur son sort, mais je ne sais que trop faire d'autre, la vie est injuste et le prix à payer en est autant.
Il s'assit aux abords du lac et regarda son reflet dans l'eau écarlate. Il n'était pas très bien coiffé et se trouvait un teint morne, tout comme le temps qui était quelque peu maussade.
* Je suis vraiment désolé Maria, je ne suis qu'un lâche... *
A la fin de cette pensée, son reflet commença à se troubler pour laisser place à celui d'une autre personne. Il se souvenait du jour ou elle était morte, elle portait un ruban rose qu'il lui avait offert pour preuve de son amour. L'individu était vêtu tout comme sa soeur et portait aussi un bandeau de couleur rose.
" Maria ?... "
" Je suis ravi de te revoir mon frère, je n'ai malheureusement pas beaucoup de temps devant moi donc je vais être brève. "
" Mais ..."
" Chut ! et écoutes moi !...Ne t'ai-je pas répétée une multitude de fois que ton mécontentement de nous avoir perdu ne sert à rien ? Ne t'ai-tu pas rentré dans la tête que père et moi serions à tout jamais dans ton coeur ? Tu dois percevoir ce lien si fort qui nous unis, tu dois nous faire cette place dans cet amour qui est tant étroit, libère toi, profite et ne fuis pas face à ton avenir. "
Le reflet commença à redevenir trouble et Maria énonça un dernier fait.
" Nous t'aimons, n'oublie jamais ça "
Il ouvrit les yeux lentement, il se trouvait dans l'herbe non loin du bord du lac, il se redressa, s'étira et réfléchi quelque instant à ce qu'il venait de se passer.
* Je ne comprend pas, j'avais l'impression que cela était si réel... *
Il serra ses mains contre sa poitrine et pleura en repensant à sa soeur et son père qu'il avait laissé de côté tellement longtemps.
" Je vous aime tant "